Page:Poincaré - La Science et l’Hypothèse.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

erreurs, qui se rattache directement au problème de la probabilité des causes. Ici encore nous constatons des effets, à savoir un certain nombre d’observations discordantes, et nous cherchons à deviner les causes, qui sont d’une part la véritable valeur de la quantité à mesurer, d’autre part l’erreur commise dans chaque observation isolée. Il faudrait calculer quelle est à posteriori la grandeur probable de chaque erreur, et, par conséquent, la valeur probable de la quantité à mesurer.

Mais, ainsi que je viens de l’expliquer, on ne saurait entreprendre ce calcul, si l’on n’admettait à priori, c’est-à-dire avant toute observation, une loi de probabilité des erreurs. Y a-t-il une loi des erreurs ?

La loi des erreurs admise par tous les calculateurs est la loi de Gauss, qui est représentée par une certaine courbe transcendante connue sous le nom de « courbe en cloche ».

Mais d’abord il convient de rappeler la distinction classique entre les erreurs systématiques et accidentelles. Si nous mesurons une longueur avec un mètre trop long, nous trouverons toujours un nombre trop faible et il ne servira à rien de recommencer la mesure plusieurs fois ; c’est là une erreur systématique. Si nous la mesurons avec un mètre exact, nous pourrons nous tromper cependant, mais nous nous tromperons tantôt en plus, tantôt en moins, et, quand nous ferons la moyenne d’un grand nombre de mesures, l’erreur