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thématique, une image grossière, mais concrète. Imaginons qu’on ait répandu sur la surface de notre plan une matière fictive dont la densité sera variable mais variera d’une manière continue. Nous conviendrons alors de dire que le nombre probable de points représentatifs qui se trouvent sur une partie du plan est proportionnel à la quantité de matière fictive qui s’y trouve. Si l’on a alors deux régions du plan de même étendue, les probabilités pour qu’un point représentatif de l’une de nos petites planètes se trouve dans l’une ou dans l’autre de ces régions seront entre elles comme les densités moyennes de la matière fictive dans l’une et l’autre région.

Voilà donc deux distributions, l’une réelle, où les points représentatifs sont très nombreux, très serrés, mais discrets comme les molécules de la matière dans l’hypothèse atomique ; l’autre, éloignée de la réalité, où nos points représentatifs sont remplacés par une matière fictive continue. Cette dernière, nous savons qu’elle ne peut être réelle, mais notre ignorance nous condamne à l’adopter.

Si encore nous avions quelque idée de la distribution réelle des points représentatifs, nous pourrions nous arranger pour que, dans une région de quelque étendue, la densité de cette matière fictive continue soit à peu près proportionnelle au nombre de points représentatifs, ou si l’on veut, des atomes qui sont contenus dans cette région. Cela même est impossible et notre ignorance est si