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supposer que cette autre chose est la position ou la vitesse d’autres molécules dont nous n’avions pas jusque-là soupçonné la présence. La loi se trouvera sauvegardée.

Qu’on me permette d’employer un instant le langage mathématique pour exprimer la même pensée sous une autre forme. Je suppose que nous observions n molécules et que nous constations que leurs 3n coordonnées satisfont à un système de 3n équations différentielles du quatrième ordre (et non du deuxième ordre, comme l’exigerait la loi d’inertie). Nous savons qu’en introduisant 3n variables auxiliaires, un système de 3n équations du quatrième ordre peut être ramené à un système de 6n équations de deuxième ordre. Si alors nous supposons que ces 3n variables auxiliaires représentent les coordonnées de n molécules invisibles, le résultat est de nouveau conforme à la loi d’inertie.

En résumé, cette loi, vérifiée expérimentalement dans quelques cas particuliers, peut être étendue sans crainte aux cas les plus généraux, parce que nous savons que dans ces cas généraux l’expérience ne peut plus ni la confirmer, ni la contredire.


La loi de l’accélération. — L’accélération d’un corps est égale à la force qui agit sur lui divisée par sa masse.

Cette loi peut-elle être vérifiée par l’expérience ? Pour cela, il faudrait mesurer les trois grandeurs qui figurent dans l’énoncé : accélération, force et masse.