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Mais, diraient-ils, quand il se sera éloigné, l’ordre se rétablira de lui-même ; sans aucun doute les distances des planètes au soleil ne redeviendront pas ce qu’elles étaient avant le cataclysme, mais quand l’astre perturbateur ne sera plus là, les orbites redeviendront circulaires.

Ce serait seulement quand le corps troublant serait loin et quand cependant les orbites, au lieu de redevenir circulaires, deviendraient elliptiques, ce serait alors seulement que ces astronomes s’apercevraient de leur erreur et de la nécessité de refaire toute leur mécanique.

J’ai un peu insisté sur ces hypothèses ; car il me semble qu’on ne peut bien comprendre ce que c’est que notre loi d’inertie généralisée, qu’en l’opposant à une hypothèse contraire.

Eh bien maintenant, cette loi d’inertie généralisée, a-t-elle été vérifiée par l’expérience et peut-elle l’être ? Quand Newton a écrit les Principes, il regardait bien cette vérité comme acquise et démontrée expérimentalement. Elle l’était à ses yeux, non seulement par l’idole anthropomorphique dont nous reparlerons, mais par les travaux de Galilée. Elle l’était aussi par les lois de Képler elles-mêmes ; d’après ces lois, en effet, la trajectoire d’une planète est entièrement déterminée par sa position et par sa vitesse initiales ; c’est bien là ce qu’exige notre principe d’inertie généralisé.

Pour que ce principe ne fût vrai qu’en apparence, pour qu’on pût craindre d’avoir un jour à