CHAPITRE IV
Lundi 1er novembre 1915.
Voici la seconde fois que la Toussaint ramène devant les Français en guerre le jour funèbre qui la suit. Mme Poincaré et moi, nous nous rendons aux cimetières militaires de Bagneux, Ivry et Saint-Ouen. Au pied des monuments commémoratifs qu’on y a provisoirement dressés, nous déposons des couronnes de chrysanthèmes. Le long du boulevard Saint-Martin, la foule massée nous salue, l’air calme et résolu. Quelle leçon d’énergie et de sang-froid donnent ces gens du peuple à certains salons ou cercles parisiens !
D’après un télégramme de Paléologue (Petrograd, 30 octobre, n° 1310), l’empereur de Russie, subissant de plus en plus l’influence réactionnaire de son président du Conseil, songerait à éliminer les deux ou trois ministres libéraux qui font encore partie du gouvernement, notamment Sazonoff, qui a la confiance de la Douma. Pour mieux