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prier, monsieur le président de la République, de vouloir bien assister vous-même au Te Deum. — Monseigneur, lui ai-je dit, j’espère qu’après la victoire, le gouvernement ne verra pas d’inconvénient à ce que j’accepte cette invitation. Je souhaite vivement que, de l’union actuelle, il subsiste dans l’avenir, pour tous les Français, un besoin permanent de concorde nationale. »

Pendant que s’élèvent donc, en l’honneur de la paix, des prières utilement corrigées, la guerre continue, de tranchées en tranchées, par de sanglantes offensives locales. En même temps, la diplomatie s’obstine à rechercher une coopération plus efficace du Japon et à essayer d’obtenir, avec le maintien de la neutralité bulgare, le concours de la Grèce et de la Roumanie. Aux uns et aux autres, on multiplie les promesses et les offres : à la Bulgarie, la Macédoine serbe jusqu’à la ligne du Yardar ; à la Serbie, comme compensation, un large accès sur l’Adriatique, l’annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine, une partie du banat de Temesvar, une frontière commune avec la Grèce ; à la Grèce et à la Roumanie, des avantages qui varient tous les jours, suivant les caprices de Sazonoff, les raisonnements de Delcassé ou les réflexions de sir Ed. Grey.

Mais, en Angleterre, on a de plus en plus la conviction que le meilleur moyen d’entraîner la Roumanie et peut-être la Bulgarie elle-même, ce serait d’envoyer en Orient un corps anglo-français. Le gouvernement britannique reproche même à Millerand d’avoir combattu ce projet, lorsqu’il est allé à Londres. C’est ce qu’a dit à Ribot M. Lloyd George, chancelier de l’Échiquier, venu à Paris pour s’entretenir avec les ministres des Finances de France et de Russie. Ribot donne