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l’effort le plus considérable de l’armée allemande, que nous ne nous sommes pas aperçus qu’on eût retiré des troupes de notre front et que, d’ailleurs, nous ne cessons pas de procéder à des attaques sur l’ensemble de nos lignes, pour fixer devant nous les forces ennemies24.

Le prince de Bülow est nommé ambassadeur d’Allemagne à Rome. Il est marié à une Italienne. De toute évidence, le gouvernement impérial veut recourir à l’intelligente activité de l’ancien chancelier et aux nombreuses relations qu’il a dans toutes les classes de la société romaine, pour essayer d’arrêter l’élan qui, dans la péninsule tout entière, porte de plus en plus l’opinion publique à revendiquer « les frontières naturelles »25.



24. De Petrograd, nos 1031, 1031 bis, 1032, 1033, 1035.
25. De M. Barrère, n° 678.


Dimanche 6 décembre

De Paris, Mme Poincaré m’informe que Maurice Barrés l’a priée de le recevoir. Il est très justement préoccupé de regrettables malentendus qui se sont produits dans la Haute-Alsace occupée par nos troupes et dont il vient de parler dans un bel article, intitulé : « Pour Ehrmann et pour Colette », que l’Echo de Paris a publié vendredi matin. « Beaucoup de Français, écrit-il, refusent de comprendre que, mêlés aux indigènes, il y a, en Alsace-Lorraine, un nombre très considérable de gens venus d’outre-Rhin depuis la guerre de 1870 et qui haïssent la France. Souvent nos soldats, ayant éprouvé cette haine, s’en prennent confusément à nos frères eux-mêmes… Là-dessus, en conscience, nous n’avons pas de reproches à nous faire. Nous