Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/395

Cette page n’a pas encore été corrigée

notre ministre paraissent d’autant plus justifiés que les Allemands préparent certainement une grande offensive dans les Flandres. Trois fois, ils ont essayé de nous envelopper ; trois fois, ils ont échoué. À l’ouest de Roye, à l’ouest de Bapaume, à l’ouest de Lille, ils ont été sur le point de nous déborder et leurs tentatives ont finalement avorté. Nous n’avons pas réussi à tourner leur aile droite, mais ils n’ont pas tourné notre aile gauche. Il leur reste une ressource suprême, c’est de recommencer l’opération en Flandre. Là, si le succès couronne leurs efforts, ils pourront, non seulement dépasser l’extrémité de nos lignes, mais gagner le littoral et couper les communications anglaises avec le continent. Il semble que, dès aujourd’hui, ils envoient des forces importantes vers la Lys et vers l’Yser.

D’après M. Thiébaut, notre ministre à Stockholm22, la Gazette de l’Allemagne du Nord vient de publier un article sur une découverte que les Allemands auraient faite à Bruxelles et qu’ils présentent comme sensationnelle. Ils auraient trouvé dans les archives de l’état-major belge des documents de nature à établir que dès 1906 le débarquement d’un corps anglais en Belgique était prévu pour le cas d’une guerre franco-allemande. Toute la presse impériale tire, paraît-il, de ces pièces la preuve de « l’hypocrisie britannique » et la justification de la conduite de l’Allemagne envers la Belgique. Mais, ajoute M. Thiébault, un journal libéral de Stockholm fait une très juste remarque : les documents, dit-il, prouvent simplement que la Belgique craignait la violation de sa neutralité par l’Allemagne et non par la France.



21. N° 310.
22. N° 23, 14 octobre.