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du financier Rochette et met en cause, tout ensemble, le ministre des Finances et M. Monis. Le public reprend goût aux scandales et peu à peu l’atmosphère s’empoisonne.

M. G. Doumergue prononce devant la Chambre, à l’occasion du budget des Affaires étrangères, un excellent discours, qui est très applaudi.

Le soir, nous offrons, à l’Élysée, un grand dîner à MM. Loubet et Fallières, à leurs familles, à leurs anciennes maisons civiles et militaires. Celle de M. Fallières est, du reste, en partie, devenue la mienne. Au fond de moi-même, j’envie mes deux prédécesseurs. Ils ont, l’un et l’autre, bien mérité de la République. Ils ont rempli leurs fonctions avec conscience et avec tact: Ils ont accompli leur temps, et les voilà maintenant libérés, déchargés de leur rôle représentatif, maîtres de leurs paroles et de leurs actions. Trop heureux, s’ils connaissaient leur bonheur.


Jeudi 12 mars

Feux croisés : l’Action française parle sans déplaisir de ce qu’elle appelle l’échec de l’expérience Poincaré ; dans l’Homme libre, M. Clemenceau, lui aussi plaisante : « Je subis l’expérience Poincaré, je n’y participe pas. » Mais que m’importe ? Personne n’obtiendra de moi que je quitte par lassitude ou par énervement un poste où, dans la mesure de mes attributions constitutionnelles, j’ai le sentiment de pouvoir faire un peu de bien et d’empêcher beaucoup de mal La Chambre a voté aujourd’hui par 415 voix la loi des cadres, après un discours très démonstratif de M. Noulens. Peut-être n’a-t-il pas été inutile que je fusse là, ces jours derniers, pour insister