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Samedi 14 février

Un bon mouvement de M. de Jagow. Au conseil des ministres, M. Doumergue annonce que, dans une conversation avec M. Jules Cambon, le secrétaire d’État allemand a reconnu qu’une partie des colonies portugaises se trouve dans le bassin conventionnel du Congo. M. de Jagow a ajouté qu’aucune modification territoriale n’aurait lieu dans cette région sans l’assentiment de la France et que les droits que nous tenons de l’article 16 seraient respectés. M. Doumergue télégraphie à Londres que cette déclaration allemande, strictement conforme au traité, doit, à son avis, fournir au gouvernement anglais le moyen de nous donner, lui aussi, satisfaction.

Dans l’affaire des îles, le Foreign Office a fini par consentir à la notification qu’ont demandée les Puissances, mais il réserve entièrement sa liberté pour le lendemain, si bien que l’Europe est encore très loin de s’entendre sur les sanctions et que la Turquie reste à même de profiter de nos divisions.

M. Paléologue, qui vient d’arriver à Saint-Pétersbourg, télégraphie que c’est M. Goremykine qui va succéder à M. Kokovtzoff. Je ne l’ai jamais rencontré et j’ignore ce qu’il vaut. M. Sazonoff, d’après M. Paléologue, regrette vivement le départ de son ancien Président du Conseil. Il est très réservé sur le compte de M. Goremykine, qui, croit-il, ne restera pas longtemps au pouvoir. Mais rien ne sera, dit-il, changé à la politique extérieure. M. Goremykine prend la présidence sans portefeuille. On craint dans les milieux libéraux qu’il ne médite des mesures de réaction. Renseignements un peu vagues, qui ne paraissent pas très rassurants.

Le soir, grand bal à l’Élysée. Cinq mille entrées.