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CHAPITRE III


Élections académiques. – La démission de M. Kokovtzoff. – Préparatifs de guerre de l’Allemagne. – Les gracieusetés de l’Homme libre. – La campagne de M. Calmette. – Conversations avec M. Doumergue, M. Caillaux, M. Briand, M. Barthou. – Dîner à l’ambassade d’Italie. Le drame de la rue Drouot.


Jeudi 12 février.

Une heure et demie de l’après-midi. Un beau temps sec et froid. Je sors à pied avec le général Beaudemoulin, qui s’est habillé en civil pour ne pas attirer sur nous l’attention des passants. Vaine précaution. À chaque pas, nous sommes reconnus, regardés, lorgnés, salués. Nous bravons cette fusillade et, par le plus beau chemin qui soit au monde, les quais de la Seine, nous nous dirigeons rapidement vers l’Académie, où vont être désignés, dans une même séance, les successeurs de Henri Poincaré, de Thureau-Dangin et d’Émile Ollivier. Devant le Palais de l’Institut, je rencontre M. Alexandre Ribot et, sous le feu redoublé des appareils photographiques, je pénètre avec lui dans les tristes cours, où pullule le microbe de la fièvre verte. M. Ribot n’est pas rassuré sur le sort de M. Léon Bourgeois ; il croit que des amis trop zélés de M. Barthou ont habilement manœuvré pour enlever quelques suffrages au sénateur de la Marne. Nous montons à la salle des séances, où nous nous