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C’est vrai, » a-t-il reparti en riant, et il n’a pas insisté.

M. Doumergue, à qui je rapporte cet entretien dans un coin du fumoir, ne me cache pas que, dans l’examen de la demande turque, il n’est pas seulement embarrassé par les considérations de politique extérieure, mais aussi par la possibilité de complications parlementaires. Il se rappelle la motion déposée par M. André Lefèvre le jour où le cabinet s’est présenté devant la Chambre et a failli être mis en échec sur la question des emprunts étrangers. Comme M. Caillaux a cru devoir retarder l’emprunt français, il est à craindre que le Parlement ne se montre plus chatouilleux encore qu’il y a deux mois et ne veuille pas accorder à d’autres pays une priorité de placement dont notre Trésor n’a pas usé pour lui-même.



5. Journal des Débats, mardi 10 août 1926. — Voir Die grosse Politik der europæischen Kabinette, recueil publié par la Wilhelmstrasse, vol. 31-33.


Samedi 7 février

Au conseil des ministres, M. Gaston Doumergue entretient ses collègues de l’emprunt turc. Il est impossible, à son avis, de repousser la demande de la Porte, sans jeter la Turquie mécontente dans les bras que lui tend l’Allemagne. Mais il pense qu’il y a lieu de réclamer des avantages économiques supplémentaires et surtout de prendre des précautions sérieuses contre toute entreprise de guerre, en inscrivant une condition suspensive ou résolutoire qui subordonnerait la réalisation de l’emprunt au maintien de la paix. M. Caillaux appuie l’opinion de M. Doumergue. Le conseil décide, en principe, que les pourparlers se continueront, entre Paris et Constantinople, en vue d’une opération financière qui, si la Turquie tient ses promesses, pourrait avoir lieu au mois de juin ou de juillet.