CHAPITRE X
Jeudi 30 juillet. — J’étais à peine endormi, lorsque, avant deux heures du matin, M. Viviani est arrivé à l’Élysée. Il m’apportait une pièce que M. Sévastopoulo, chargé d’affaires de Russie, venait de remettre à M. de Margerie. C’était un télégramme de M. Sazonoff à M. Isvolsky, ainsi conçu : « L’ambassadeur d’Allemagne vient de m’informer aujourd’hui de la décision prise par son gouvernement de mobiliser ses forces armées, si la Russie ne cesse pas ses préparatifs militaires. Or, ces préparatifs ont été entrepris par nous uniquement à la suite de la mobilisation déjà effectuée de huit corps d’armée en Autriche et du refus manifeste de celle-ci de consentir à un règlement pacifique quelconque de son différend avec la Serbie. Ne pouvant pas accéder au désir de l’Allemagne, il ne nous reste qu’à hâter nos armements et à envisager l’imminence de la guerre. Veuillez prévenir de ce qui précède le gouvernement français et lui exprimer, en même temps, notre sincère reconnais-