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trois ans et qu’on ne mît à la tête du ministère de la Guerre ni un général politicien, ni un parlementaire démagogue.

Un garden-party que j’offre à des municipalités étrangères invitées par la Ville de Paris, me force à interrompre mes consultations. Je les reprends dans la matinée du mercredi. M. Léon Bourgeois croit, me dit-il, indispensable de conserver la loi de trois ans et de la défendre avec énergie. Il n’accepterait pas lui-même, à cause de son état de santé, la présidence du gouvernement, mais il ne repousserait pas la charge moins lourde d’un simple portefeuille. Il n’ose cependant pas promettre d’aller au quai d’Orsay, tant il est contraint de ménager ses forces. Il ne peut plus, me confie-t-il, ni lire, ni parler sans grand’peine dans des assemblées. Il me conseille de faire de préférence appeler M. René Viviani.

Celui-ci, convoqué par moi, vient à son tour. Il regrette le départ de M. Doumergue. Il juge nécessaire une combinaison totalement appuyée sur les gauches et résolue à faire aboutir, d’une part la réforme fiscale, d’autre part la réforme électorale. Quant à la loi militaire, qu’il n’a point votée, mais dont il a reconnu, depuis lors, la nécessité, il estime qu’on ne peut ni la modifier, ni l’affaiblir par une application mitigée ni en promettre dès maintenant l’abrogation future. Il m’engage à étendre très largement mes consultations, tant pour m’éclairer que pour montrer aux Chambres mon absence de parti pris.

Mais une nouvelle cérémonie m’oblige encore à suspendre ces conversations politiques. Je préside l’après-midi, dans un coin paisible du Parc des Princes, l’inauguration de la statue de Marey, à