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de la Guerre à un adversaire du service de trois ans. Je songe aux graves inquiétudes qui vont m’assaillir à mon retour ; mais, pour le moment, il faut que j’oppose à mauvaise fortune bon visage et que je sourie à la Bretagne.

Le soir, au banquet où je suis convié par la Ville, la Chambre de commerce et le Conseil général, dans cette salle des Pas-Perdus du Palais qu’autrefois, vêtu de la robe d’avocat, j’ai arpentée de long en large, je promets à mes auditeurs de revenir bientôt et de suivre, alors, à l’ombre des vieux chênes et à travers les landes, les routes qui me mèneront au cœur des campagnes armoricaines. En attendant, j’essaie de célébrer la ville de Rennes, son école des Beaux-Arts, ses crèches municipales, son théâtre, ses Facultés et ses Musées.

Le lendemain lundi 1er juin, pendant que la nouvelle Chambre des députés se réunit pour la première fois et se constitue, je reste à Rennes, pour visiter, comme il a été convenu, l’Université et pour assister aux fêtes de gymnastique.

Un banquet de trois mille couverts a été préparé dans le pavillon des Lices. Il m’a paru difficile de n’y pas dire, avec toute la discrétion voulue, un mot de la question militaire et je me suis entendu à cet endroit avec M. Noulens, puisque aussi bien il est encore ministre de la Guerre et que c’est sa responsabilité que j’engage en prenant la parole. Je félicite donc les gymnastes de contribuer par leur exemple à former une jeunesse robuste et vigoureuse et à garantir par là même la sécurité nationale : « La France, dis-je, ne veut pas être exposée à subir la loi de l’étranger ; elle est fermement pacifique, mais elle entend sauvegarder