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retour de Russie. Il espère que je réussirai à dissiper les malentendus qui subsistent entre les deux pays.

Je reçois M. Briand. Il est tout à fait en forme et reste très optimiste. Il espère que tout s’arrangera vite dans la nouvelle Chambre. Il a déjà jeté dans les couloirs de savants coups de sonde. Il se propose d’intervenir le plus rapidement possible dans les débats parlementaires pour défendre le service de trois ans et la réforme électorale. Il croit désirable que le ministère Doumergue ne démissionne pas.

Mais, à mon avis, la politique intérieure demeure fort incertaine et la politique extérieure elle-même risque de le redevenir. De graves nouvelles ont été reçues de Durazzo. Des insurgés se sont portés en masse sur la ville. Le ministère albanais a donné sa démission. Les Malissores ont refusé de marcher contre les assaillants. Le prince de Wied, qui était parti avec si peu d’entrain pour le pays que lui avait réservé la bienveillance de l’Europe, s’est empressé de le quitter, l’œil morne et la tête baissée, avec la princesse désappointée. Accompagnés de leur suite, ils se sont embarqués à bord du navire de guerre italien Misurata. Un incendie éteint dans les Balkans, un autre va-t-il s’allumer ?


Mardi 26 mai. — Conseil des ministres. Pas un mot de démission. M. Renoult, ministre des Finances, prépare maintenant pour le mois de juillet l’emprunt qu’on a eu si grand tort de retarder. Le cabinet fait des projets à longue échéance, comme si les bruits de retraite étaient heureusement controuvés.

La presse continue également à parler de crise