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de cérémonie, un justaucorps avec culotte de satin blanc, un manteau de velours cramoisi et un chapeau de velours à plumes. En attendant, c’est en habit noir qu’au dîner de l’Élysée, j’adresse à Christian X mon toast de bienvenue. Le même soir, j’apprends, par un télégramme de M. Paul Cambon à M. Doumergue, que le gouvernement britannique accepte décidément de conclure une entente navale avec la Russie.

Le lendemain dimanche 17 mai, déjeuner à la légation de Danemark, courses à Longchamp, dîner au quai d’Orsay. Je n’échange guère avec le Roi et la Reine que des propos interrompus, sur les sujets que nous fournissent les divers passe-temps de la journée. Le lundi matin, sous un ciel sans nuages, belle prise d’armes à Satory. Revue, défilé, manœuvres, charges, vols d’aéroplanes, évolutions du dirigeable Montgolfier, tout s’accomplit à la perfection. Le Roi, qui porte l’uniforme de général danois, se déclare enchanté de ces spectacles. Sur la fin des mouvements, il monte à cheval et, avec le général Michel, gouverneur de Paris, il se donne la joie d’un temps de galop devant le front des troupes. Pas plus cette fois que pendant la visite du Roi d’Angleterre, il n’y a, dans ces fêtes militaires, la moindre apparence d’esprit guerrier. Qu’on ne cherche pas non plus d’arrière-pensée belliqueuse dans le choix de la galerie des Batailles pour le service du déjeuner royal. Nous avons simplement voulu faire à nos hôtes les honneurs du château de Versailles. Après le café, par un temps splendide, nous parcourons en voiture les allées du parc, et les souverains danois trouvent cette promenade si féerique qu’ils me la rappelleront encore treize ans plus tard, lorsqu’ils reviendront