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il avait l’habitude de causer avec moi à Londres. Les Français dirent qu’il n’y avait rien dans les relations entre la France et l’Angleterre dont il leur parût nécessaire ou désirable de parler en ce moment. Mais il y avait quelque chose qu’ils souhaitaient de demander à propos de la Russie. La Russie savait que des conversations avaient eu lieu entre les États-majors français et anglais et, pour montrer à la Russie qu’on ne la tenait pas à longueur de bras, il était à désirer qu’on fît envers elle quelque chose du même genre. Il ne s’agissait pas pour nous de contracter une obligation quelconque ; cela ne nous était pas demandé. Il n’y avait pas non plus de raison pour que l’État-major de l’armée de terre britannique entrât en communication avec les armées russes. La distance géographique ne permettait pas aux armées russes et anglaises de combattre côte à côte dans une guerre contre l’Allemagne comme pourraient le faire les armées françaises et anglaises. Si l’Angleterre décidait de participer à une telle guerre, il n’y aurait pas de différence dans l’emploi de son armée, suivant que les États-majors russe et anglais se seraient ou non concertés. Le rôle qu’auraient à jouer les forces expéditionnaires britanniques était réglé par les accords des États-majors français et anglais. Besoin n’était donc pas de songer à des conversations militaires avec la Russie. Il y avait cependant une raison pour que les autorités navales russes et anglaises eussent quelques consultations préalables sur le rôle à jouer par les flottes respectives dans le cas où la Grande-Bretagne prendrait part à une guerre. Les Français n’attachaient pas eux-mêmes une grande importance stratégique à cette idée ; ils n’estimaient