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En leur demandant s’ils consentiraient à prêter leur concours à l’application de la loi, on les invitait presque à répondre suivant leurs préférences individuelles. Mais l’incident militaire est clos. Ce qui est plus grave, c’est la question même du Home Rule. « Je ne puis pourtant, déclare énergiquement le Roi, laisser commencer une guerre civile. D’autre part, je n’ai pas les pouvoirs que certains conservateurs me reprochent de ne pas exercer. La situation est très difficile. » Et nous échangeons quelques propos résignés sur le sort commun des chefs d’État irresponsables dans les pays parlementaires. Le Roi manie toujours le français avec quelque embarras. Il cherche le mot, mais il le trouve, et il exprime finalement sa pensée avec une parfaite clarté.

Dans le toast que j’adresse aux souverains britanniques, j’insiste naturellement, une fois de plus, sur la garantie de paix que l’Entente cordiale procure aux peuples de l’Europe : « La visite que Votre Majesté et Sa Majesté la Reine rendent aujourd’hui à la France est l’éclatante consécration d’une amitié qui a désormais subi l’épreuve du temps et de l’expérience, qui a démontré son efficacité permanente et qui répond aux volontés réfléchies de deux puissantes nations, également attachées à la paix, également passionnées pour le progrès, également accoutumées aux mœurs de la liberté. Pendant les heures trop brèves que Votre Majesté passera parmi nous, Elle ne pourra, sans doute, voir la France que sous un petit nombre de ses aspects physiques et moraux. Les fêtes artistiques, sportives et militaires auxquelles Elle a aimablement promis d’assister Lui présenteront cependant, sous une forme sommaire,