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destiné à couvrir une partie des dépenses d’armement. M. Noulens est, comme M. Doumergue, décidé, à réparer cette erreur, qui, si elle se prolongeait, pourrait être fatale. Mais il faut maintenant attendre une Chambre nouvelle.

Malgré l’émotion qu’a causée la mort de Calmette, l’Assemblée actuelle est dominée par des préoccupations plus égoïstes. Elle sent sa fin prochaine. Les élections générales vont avoir lieu. Elle voudrait mourir en beauté. Elle n’a cependant pas encore voté le budget de 1914, qui accuse dès maintenant un déficit de 800 millions, et elle va partir en pleine période de douzièmes provisoires. Le vendredi 3 avril, elle siège jusqu’à deux heures du matin et, sur le rapport de sa commission d’enquête, elle adopte un ordre du jour, d’une moralité un peu platonique, pour réprouver l’intervention de la finance dans la politique et de la politique dans la justice. Les « intervenants » ne s’en porteront pas plus mal. Ce seront les magistrats qui paieront les frais de l’aventure. La Chambre s’ajourne à une date indéterminée et dans tout le pays commence la campagne électorale.

Puisque je n’ai pas le droit de me mêler à cette lutte, ma pensée se concentre de plus en plus sur les dépêches diplomatiques que M. Doumergue me fait communiquer. Voici, le 4 avril, un télégramme important de M. Maurice Paléologue : « Mon collègue d’Angleterre a été reçu hier en audience privée par l’Empereur Nicolas. Sa Majesté a développé avec force les arguments qu’Elle m’avait exposés à moi-même en faveur d’une alliance anglo-russe, « Cette alliance, a dit le Tsar, je ne la conçois que défensive, mais je la souhaite ardemment comme la meilleure garantie de la