Page:Poe - Eureka trad. Baudelaire 1864.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la touche finale à la conception, — que nous anéantissons d’un seul coup toute cette fabrique de notre imagination ; — bref, il faut que nous nous reposions sur quelque point suprême et conséquemment défini. Toutefois, si nous n’apercevons pas ce fait, c’est en raison de l’absolue coïncidence entre cette pause définitive et la cessation de notre pensée. En essayant, d’autre part, de former en nous l’idée d’un espace limité, nous inversons simplement le procédé, impliquant toujours la même impossibilité.

Nous croyons à un Dieu. Nous pouvons ou nous ne pouvons pas croire à un espace fini ou infini ; mais noire croyance, en de pareils cas, est plus proprement appelée foi, et elle est une chose tout à fait distincte de cette croyance particulière, de cette croyance intellectuelle, qui présuppose une conception mentale.

Le fait est que, sur la simple énonciation d’un de ces termes à la classe desquels appartient le mot Infini, classe qui représente des pensées de pensées, celui qui a le droit de se dire un peu penseur se sent appelé, non pas à former une conception, mais