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« Balivernes ! » dit le roi.

« Suivant toujours la même direction, nous arrivâmes à la plus magnifique région du monde. Elle était arrosée des méandres d’une glorieuse rivière sur une étendue de plusieurs milliers de milles. Cette rivière était d’une profondeur indescriptible, et d’une transparence plus merveilleuse que celle de l’ambre. Elle avait de trois à six milles de large, et ses berges qui s’élevaient de chaque côté à une hauteur perpendiculaire de douze cents pieds étaient couronnées d’arbres toujours verdoyants et de fleurs perpétuelles au suave parfum qui faisaient de ces lieux un somptueux jardin ; mais cette terre plantureuse s’appelait le royaume de l’Horreur, et on ne pouvait y entrer sans y trouver la mort[1]. »

« Ouf ! » dit le roi.

« Nous quittâmes ce royaume en toute hâte, et quelques jours après, nous arrivâmes à d’autres bords, ou nous fûmes fort étonnés de voir des myriades d’animaux monstrueux portant sur leurs têtes

  1. La région du Niger. Voir le Colonial Magazine de Simmond.