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force, dans la suprême et divine majesté de son amour.

Permettez-moi d’achever, en vous lisant encore un petit poème, un poème d’un caractère bien différent de ceux que je vous ai cités. Il est de Motherwell[1], et est intitulé le Chant du Cavalier.

Avec nos idées modernes et tout à fait rationnelles sur l’absurdité et l’impiété de la guerre, nous ne sommes pas précisément dans l’état d’esprit le mieux fait pour sympathiser avec les sentiments de ce poème et par conséquent pour en apprécier la réelle excellence. Pour y arriver, il faut nous identifier nous-mêmes en imagination avec l’âme du vieux cavalier.


Un coursier ! Un coursier ! d’une vitesse sans égale !
Une épée d’un métal acéré !
Pour de nobles cœurs tout le reste est peu de chose —
Sur terre tout le reste n’est rien.
Les hennissements du fier cheval de guerre,
Le roulement du tambour,
L’éclat perçant de la trompette,
Sont des bruits qui viennent du ciel ;

  1. William Motherwell (1797-1835) critique et poète écossais ; il publia en 1822 la collection de ses poésies sous ce titre : « Poems, narrative and Lyrical. » On a publié en 1851 des Poèmes posthumes. Il est aussi remarquable dans ses poèmes élégiaques et tendres que dans ses chants de guerre.