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le plus noble des poètes, non parce que les impressions qu’il produit sont toujours les plus profondes — non parce que l’émotion poétique qu’il excite est toujours la plus intense, — mais parce qu’il est toujours le plus éthéré — en d’autres termes, le plus élevé et le plus pur. Il n’y a pas de poète qui soit si peu de la terre, si peu terrestre. Ce que je vais vous lire est emprunté à son dernier long poème : La princesse.


Des larmes, d’indolentes larmes, (je ne sais ce qu’elles veulent dire,)
Des larmes du fond de quelque divin désespoir
Jaillissent dans le cœur, et montent aux yeux,
En regardant les heureux champs d’automne,
Et en pensant aux jours qui ne sont plus.

Frais comme le premier rayon éclairant la voile,
Qui ramène nos amis de l’autre hémisphère,
Tristes comme le dernier rayon rougissant celle
Qui sombre avec tout ce que nous aimons sous l’horizon ;
Aussi tristes, aussi frais sont les jours qui ne sont plus.

Ah ! tristes et étranges comme dans les sombres aurores d’été
Le premier cri des oiseaux éveillés à demi,

    idéal et en même temps moins réellement substantiel, ne tarda pas à s’évanouir entièrement, par la simple disparition de l’élément qui lui avait donné l’être. Il ne fut pour elle en somme, qu’un jeune homme qui, sans être laid ni méprisable, était sans fortune, légèrement excentrique et surtout boiteux. Elle fut pour lui l’Égérie de ses rêves — la Vénus Aphrodite sortant, dans sa pleine et surnaturelle beauté, de l’étincelante écume au-dessus de l’océan orageux de ses pensées. »