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Je regrette de ne pouvoir me les rappeler.

L’un des plus nobles — et puisqu’il s’agit de Fantaisie, l’un des plus singulièrement fantaisistes de nos poètes modernes, c’est Thomas Hood[1]. La Belle Inès a toujours eu pour moi un charme inexprimable :


Oh ! n’avez-vous pas vu la belle Inès ?
Elle est partie dans l’Ouest,
Pour éblouir quand le soleil est couché,
Et voler au monde son repos.
Elle a emporté avec elle la lumière de nos jours,
Les sourires qui nous étaient si chers,
Avec les rougeurs du matin sur sa joue
Et les perles sur son sein.

Oh, reviens, belle Inès,
Avant la tombée de la nuit,
De peur que la lune ne rayonne seule,
Et que les étoiles ne brillent sans rivale ;
Heureux sera l’amoureux
Qui se promènera sous leur rayon,

  1. Poe a consacré à l’auteur si populaire de la Chanson de la chemise un assez long article critique où il développe ce qu’il en dit ici. À côté de la Belle Inès et de la Maison hantée, il met à peu près au même niveau : L’Ode à la Mélancolie, le Rêve d’Eugène Aram, le Pont des Soupirs et une pièce qui lui semble peut-être caractériser le plus profondément le génie singulier poète fantaisiste : Miss Kilmanseg et sa Précieuse jambe. « C’est l’histoire, dit-il d’une très riche héritière excessivement gâtée par ses parents ; elle tombe un jour de cheval, et se blesse si gravement la jambe, que l’amputation, devient inévitable. Pour remplacer sa vraie jambe, elle veut à toute force une jambe