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ticipe du caractère de l’axiome, et n’a besoin que d’être présentée pour être évidente par elle-même. Ce n’est plus de l’excellence, si elle a besoin d’être démontrée telle ; — et par conséquent faire trop particulièrement ressortir les mérites d’une œuvre d’Art, c’est admettre que ce ne sont pas des mérites.

Parmi les Mélodies de Thomas Moore, il y en a une dont le remarquable caractère poétique semble avoir fort singulièrement échappé à l’attention. Je fais allusion aux vers qui commencent ainsi : « Viens, repose sur cette poitrine », et dont l’intense énergie d’expression n’est surpassée par aucun endroit de Byron. Il y a deux de ces vers, où le sentiment semble condenser dans toute sa puissance la divine passion de l’Amour — sentiment qui peut-être a trouvé son écho dans plus de cœurs et des cœurs plus passionnés qu’aucun autre de ceux qu’ait jamais exprimés la parole humaine.


Viens, repose sur cette poitrine, ma pauvre biche blessée,
Quoique le troupeau t’ait délaissée, tu as encore, ici ta demeure ;
Ici encore tu trouveras le sourire, qu’aucun nuage ne peut obscurcir
Un cœur et une main à toi jusqu’à la fin.