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que pour avoir du mérite en poésie, la prolixité est indispensable — disparaissait peu à peu depuis quelques années de l’esprit du public, en vertu même de son absurdité, nous voyions lui succéder une autre hérésie d’une fausseté trop palpable pour être longtemps tolérée ; mais qui, pendant la courte période qu’elle a déjà duré, a plus fait à elle seule pour la corruption de notre littérature poétique que tous ses autres ennemis à la fois. Je veux dire l’hérésie du Didactique. Il est reçu, implicitement et explicitement, directement et indirectement, que la dernière fin de toute Poésie est la Vérité. Tout poème, dit-on, doit inculquer une morale, et c’est par cette morale qu’il faut apprécier le mérite poétique d’un ouvrage. Nous autres Américains surtout, nous avons patronné cette heureuse ides, et c’est particulièrement à nous, Bostoniens, qu’elle doit son entier développement. Nous nous sommes mis dans la tête, qu’écrire un poème uniquement pour l’amour de la poésie, et reconnaître que tel a été notre dessein en l’écrivant, c’est avouer que le vrai sentiment de la di-