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qu’il était assez à ce sujet de l’avis des Chinois, qui soutiennent que l’âme à son siège dans l’abdomen. En tout cas, pensait-il, les Grecs avaient raison d’employer le même mot pour l’esprit et le diaphragme[1]. En lui attribuant cette opinion, je ne veux pas insinuer qu’il avait un penchant à la gloutonnerie, ni autre charge sérieuse au préjudice du métaphysicien. Si Pierre Bon-Bon avait ses faibles — et quel est le grand homme qui n’en ait pas mille ? — si Pierre Bon-Bon, dis-je, avait ses faibles, c’étaient des faibles de fort peu d’importance — des défauts, qui, dans d’autres tempéraments, auraient plutôt pu passer pour des vertus. Parmi ces faibles, il en est un tout particulier, que je n’aurais même pas mentionné dans son histoire, s’il n’y avait pas joué un rôle prédominant, et ne faisait pour ainsi dire une saillie du plus haut relief sur le fond uni de son caractère général : — Bon-Bon ne pouvait laisser échapper une occasion de faire un marché.

Non pas qu’il fût avaricieux, non ! Pour sa satisfaction de philosophe il n’était nullement nécessaire que le marché tournât

  1. φρευες.