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LIVRE HUITIÈME.


ce qui engendre est toujours plus simple que ce qui est engendré. Donc, si ce principe engendre l’Intelligence, il est nécessairement plus simple que l’Intelligence. Si l’on croit qu’il est un et tout, il sera toutes choses parce qu’il est toutes choses à la fois, ou qu’il est chaque chose particulière. S’il est toutes choses à la fois, il sera postérieur à toutes choses ; s’il est au contraire antérieur à toutes choses, il sera autre que toutes choses : car, si l’Un et toutes choses coexistaient, l’Un ne serait pas principe ; il faut cependant que l’Un soit principe, qu’il existe antérieurement à toutes choses, pour que toutes choses en dérivent. Si l’on dit que l’Un est chaque chose particulière, il sera par la même identique à chaque chose particulière ; il sera ensuite toutes choses à la fois, sans qu’il soit possible de rien discerner. Ainsi l’Un n’est aucune des choses particulières, il est antérieur à toutes choses.

IX. Qu’est donc ce principe ? C’est la puissance de tout[1].

    lement qu’on dit une couple, une dizaine et une moitié, un tiers, un dixième, ainsi toutes choses, et chaque chose, et chaque partie d’une chose tiennent de l’unité ; et ce n’est qu’en vertu de l’unité que tout subsiste. Et cette unité, principe des êtres, n’est pas portion d’un tout ; mais, antérieure à toute universalité et multitude, elle a déterminé elle-même toute multitude et universalité. » (S. Denys l’Aréopagite, Des Noms divins, XIII, p. 459 de la trad. de M. l’abbé Darboy.)

  1. Dans le livre VIII de l’Ennéade VI, livre qui est le point culminant de sa théodicée, Plotin explique de la manière suivante comment l’Un est la puissance de tout : « Qu’on se représente la clarté répandue au loin par une unité lumineuse qui demeure en elle-même : la clarté répandue est l’image, et la source dont elle sort est la lumière véritable. Cependant, la clarté répandue, c’est-à-dire l’Intelligence, n’est pas une image qui ait une forme étrangère à son principe] : car elle n’est pas contingente ; elle est raison et cause dans chacune de ses parties. L’Un est donc la cause de la cause : il est cause d’une manière souveraine et dans le sens le plus vrai, contenant à la fois toutes les causes intellectuelles qui doivent naître de lui ; il a engendré ce qui est né de