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CXXII
SOMMAIRES.


DEUXIÈME ENNÉADE.

Les livres qui composent la deuxième Ennéade se rapportent, dit Porphyre, à la Physique, c’est-à-dire au Monde et aux choses qu’il embrasse. Ils sont liés entre eux moins étroitement que les livres qui forment la première ; cependant on peut les diviser en deux groupes d’après les considérations suivantes :

I. Les éléments des êtres célestes sont la matière et la forme, par la nature desquelles Plotin explique la perpétuité, le mouvement circulaire et l’influence du ciel et des astres (livres i, ii, iii).

II. Les éléments des êtres contenus dans la région sublunaire sont également la matière et la forme : la matière est la puissance de devenir toutes choses, et la forme est l’acte et la qualité. Leur étude est l’objet des livres iv, v, vi, vii.

Quant au livre viii (De la Vue), on peut le regarder comme une application des idées de Plotin sur la forme[1].

Enfin, les théories développées dans les livres précédents sont réunies et appliquées dans le livre ix, où, pour réfuter les Gnostiques qui enseignaient que le Démiurge est mauvais ainsi que le monde même, Plotin résume sa propre doctrine sur l’Âme universelle, la matière et la création.


LIVRE PREMIER.
DU CIEL[2].

(§ I-II) Le monde, être corporel, a toujours existé et existera toujours. Chez les animaux, l’espèce seule est perpétuelle, tandis que les individus meurent ; le monde, au contraire, possède à la fois la perpétuité de la forme spécifique et celle de l’individualité. C’est qu’il joint à une Âme parfaite un corps que sa constitution naturelle rend apte à l’immortalité[3].

(III-V) Quelles que soient les transformations que subissent les éléments contenus dans le monde, rien ne s’écoule hors de lui. Si l’on considère en particulier le feu, qui constitue l’élément principal du ciel, on voit qu’il demeure dans la région céleste, où il se trouve placé par sa nature, et qu’il se meut circulairement. En outre, il est contenu par l’Âme universelle, qui administre le monde avec une admirable puissance et qui doit le faire subsister toujours. Si les choses d’ici-bas n’ont pas la même durée que les astres, c'est qu’elles sont composées d’éléments moins parfois, et qu’elles sont gouvernées par la partie inférieure de l'Âme universelle (par la Nature ou Puissance génératrice), tandis que les choses célestes sont gouvernées par sa partie supérieure (par la Puissance principale de l'Âme universelle)[4].

  1. Voy, plus loin, p. cxxxi, le sommaire de ce livre.
  2. Pour les Remarques générales et les Éclaircissements sur ce livre, Voy. les Notes, p. 444.
  3. Pour les rapports de la théorie de Plotin avec celle de Platon et celle d’Aristote, Voy. les Notes, p. 444-445.
  4. La différence qu’il y a entre la Puissance principale de l’Âme universelle et sa Puissance génératrice est expliquée p. 193, note 1. C’est la Puissance génératrice qui organise le corps de l'homme avant qu’il soit gouverné par l’Âme raisonnable. Sur ce point obscur de la doctrine de Plotin, Voy. p. 475-478.