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quoniam, ils portent qm (avec un signe d’abréviation), et que le n° 7840 a magis à la place de majus. Le texte reçu provient des édd. de Cattaneo (Cataneus), 1506, 1510, 1519. S’il y reste quelque difficulté, elle tient uniquement à ce qu’il faut rapporter cujus pulsi fugatique à imperii sous-entendu : or, imperium pulsum fugatumq. paraît une locution un peu insolite ; cependant Gesner ne la condamne pas, et j’avoue que, pour ma part, je la trouve fort intelligible. Je pourrais même l’appuyer d’une phrase de Tacite, Ann. IV, 24, où la puissance romaine est aussi représentée comme se retirant devant un ennemi vainqueur : Igitur Tacfarinas, disperso rumore rem romanam ab aliis quoque nationibus lacerari, eoque paullatim Africa decedere. Du reste Schwartz ne pense pas de même ; aussi, après contempserantque, il lit quoniam Imperator is, cujus pulsi, etc. Je n’oserais pas dire que cette leçon n’est point la véritable : elle semble indiquée par le quoniam Imp. de notre ms., et plus encore par quoniam Imperatoris, que Schwartz a lu dans un ms. de Saltzbourg, et elle va parfaitement avec l’actif triumpharet, qui alors devrait être préféré à triumpharetur. J’ajouterai que l’allusion aux faux et ridicules triomphes de Domitien devient ainsi plus visible, et que la censure tombe plus directement sur la lâcheté de ce prince.

5. Ergo sustulerant animos. Les Daces, les Sarmates, les Marcomans firent éprouver à l’empire, mal gouverné et mal défendu par Domitien, des revers sanglants, depuis l’an 86 jusqu’à l’an 91 de notre ère. Cf. Tacite, Agr. 41 ; Suétone, Domitien, 6 ; Dion, LXVII, 6, 7 ; Orose, VII, 10.

Legesque ut acciperent, dabant. Dion, l. c., raconte que Domitien, battu par les Marcomans, entama une négociation avec Décébale, roi des Daces, qui, fatigué lui-même de la guerre, n’en sut pas moins profiter de la position que son ennemi lui avait faite. L’empereur fut contraint de lui payer une forte somme, de lui promettre pour l’avenir une espèce de tribut, et de lui fournir un grand nombre d’ouvriers pour tous les arts de la guerre et de la paix. À ces conditions, le rusé barbare consentit à envoyer en ambassade Dégis, son frère, qui rendit à Domitien quelques armes, quelques prisonniers, et qui reçut de lui le diadème au nom du roi des Daces.