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XVI. [1] Le macir est aussi apporté de l’Inde : c’est l’écorce rougeâtre d’une grosse racine portant le même nom que l’arbre même ; je n’ai pu découvrir quel est cet arbre. L’écorce en dé¬coction dans le miel est surtout employée en médecine contre la dysenterie.

XVII. [1] L’Arabie produit du sucre ; mais celui de l’Inde est plus estimé. C’est un miel recueilli sur les roseaux, blanc comme les gommes, cas-. saut sous la dent ; les plus gros morceaux sont comme une aveline, on ne s’en sert qu’en médecine.

XVIII. [1] Sur les frontières de l’Inde est le pays des Ariens, qui produit un végétal épineux ; il est précieux par les larmes qui en découlent ; il ressemble à ! a myrrhe, mais les aiguillons qui le garnissent en rendent l’approche difficile. Là est aussi un arbrisseau vénéneux, de la grandeur du raifort ; la feuille ressemble à celle du laurier ; l’odeur attire les chevaux, et cette plante priva presque Alexandre de sa cavalerie à son entrée en cette province ; il en arriva autant dans la Gédrosie. On a parlé d’une épine (excoecaria agallochum, L.) du même pays, dont la feuille ressemble à celle du laurier, et dont le suc instillé dans les yeux cause la cécité à tous les animaux. On cite encore une herbe d’une odeur très forte, et remplie de petits serpents dont la morsure cause une mort immédiate. Onésicrite rapporte que dans les vallées de l’Hyrcanie on trouve des arbres semblables à des figuiers, qui sont nommés occhi (hedisarum alhagi, L.), et desquels du miel s’écoule pendant deux heures du matin.

XIX. (IX.) [1] Dans la Bactriane, qui est voisine, est le bdellium, très renommé. C’est un arbre noir, ayant la grandeur de l’olivier, la feuille du chêne, le fruit et la disposition du figuier sauvage. La gomme qu’il produit est appelée par les uns brochon, par les autres malacha, par d’autres maldocon ; noire et roulée en masses, elle s’appelle hadrobolon. Elle doit être transparente, couleur de cire, odorante, onctueuse quand on la frotte, amère au goût, mais sans acidité ; dans les sacrifices, arrosée de vin, elle est plus odorante. Elle vient en Arabie, en Inde, dans la Médie et à Babylone. Quelques-uns appellent pératique celle qu’on apporte de la Médie ; celle-ci est plus maniable, plus écailleuse, plus amère ; celle de l’Inde est plus humide et gommeuse ; on la falsifie avec des amandes.

[2] Les autres espèces sont falsifiées avec l’écorce du scordaste, c’est le nom qu’on donne à un arbre dont la gomme ressemble à celle du bdellium. Ou reconnaît la sophistication (il suffit de le dire ici une fois pour tous les parfums) à l’odeur, à la couleur, au poids, au goût, au feu. Le bdellium de la Bactriane est brillant, sec, et a plusieurs taches blanches comme des ongles ; en outre il a un certain poids, et il doit n’être ni au-dessus ni au-dessous. Le prix du bdellium pur est de trois deniers (2 fr. 52) la livre.

XX. [1] Aux contrées dont nous venons de parler touche la Perse, placée le long de la mer Rouge, que là nous avons appelée mer Persique (vs, 28), et dont les marées s’avancent loin dans les terres. Les arbres y sont d’une nature merveilleuse (rhizophora mangle, L.) : corrodés par le sel, semblables à des végétaux qui auraient été apportés et délaissés par le flot, on les voit, sur le rivage à sec, embrasser, de leurs racines nues comme des polypes, les sables arides. Quand la mer monte, battus par les flots, ils résistent immobiles ; bien plus, à la mer haute ils sont complètement couverts, et le fait prouve que ces eaux salées leur servent d’aliments. La grandeur en est étonnante ; ils ressemblent à l’arbousier ; le fruit, en dehors, est semblable à l’amande ; en dedans, le noyau est contourné.