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III. (IV.) [1] Au fleuve Tusca commence la région Zeugitane; elle est appelée proprement Afrique. Trois promontoires, le promontoire Blanc, le promontoire d'Apollon en face de la Sardaigne, le promontoire de Mercure en face de la Sicile, s'avançant dans la haute mer, forment deux golfes : le premier est celui d'Hippone, le plus voisin de la ville qu'on nomme Hippo Dirutus, par corruption du mot grec diarrhytos, qui signifie arrosé par des eaux abondantes. Dans le voisinage est Theudalis, ville libre, à une certaine distance du rivage; puis le promontoire d'Apollon (cap Farina), et, dans le second golfe (golfe de Tunis), Utique, jouissant du droit romain, et célèbre par la mort de Caton.

[2] Le fleuve Bagrada (Medjerda), la localité appelée Castra Cornelia (Porto Farina), Carthage, colonie élevée sur les ruines de la grande Carthage; la colonie Maxulla, les villes de Carpi et de Misua, la ville libre de Clupée, sur le promontoire de Mercure (cap Bon) ; la ville libre de Curubis, Néapolis. Puis vient une autre division de l'Afrique proprement dite: on appelle Libyphéniciens ceux qui habitent le Byzacium ; tel est le nom d'une contrée de 250.000 pas de tour, d'une fertilité admirable, puisque la semence y rend cent pour un (XVII, 3). Là sont les villes libres de Leptis (Lemta), d'Adrumetum, de Ruspina (XV, 21 ), de Thapsus;

[3] puis Thènes, Macomades, Tacape, Sabrata qui touche à la petite Syrte (baie de Cabes), jusqu'à laquelle la longueur de la Numidie et de l'Afrique, depuis l'Ampsaga, est de 580.000 pas; la largeur de ce qu'on connaît est de 200.000. Cette partie, que nous avons appelée proprement Afrique, se divise en deux provinces, l'ancienne et la nouvelle, séparée par un fossé qui fut tracé par suite d'une convention entre Scipion Emilien et les rois, et mené jusqu'à Thènes, ville éloignée de Carthage de 216.000 pas.

IV. [1] Un troisième golfe se partage en deux golfes, les Syrtes, périlleuses par la marée et les hauts-fonds. La plus voisine, qui est la plus petite, et, d'après Polybe, à 300.000 pas de Carthage, et a une entrée de 100.000 pas et un circuit de 300.000. Par terre, pour s'y rendre, il faut se guider sur les astres et traverser des déserts emplis de sables et de serpents. Vient ensuite une région boisée, que peuple une multitude de bêtes féroces; dans l'intérieur, des solitudes livrées aux éléphants, puis de vastes déserts; au delà les Garamantes, séparés des Augyles par douze journées de marche. Au-dessus des Garamantes fut jadis la nation des Psylles ; au-dessus des Psylles le lac de Lycomède, entouré de déserts.

[2] Quant aux Augyles mêmes, on les place entre l'Éthiopie qui regarde l'occident, et la région qui est intermédiaire aux deux Syrtes, et à une distance à peu près égale de l'une et de l'autre. Par la côte, la distance qui sépare les deux Syrtes est de 250.000 pas ; là sont la cité d'Oea, le fleuve Cinyps, la contrée de même nom, les villes de Néapolis, de Taphra, d'Abrotonum; la seconde Leptis, surnommée la Grande; puis la grande Syrte (golfe de Sidra), de 625.000 pas de tour, dont l'entrée a 312.000 pas: là habite la nation des Cisipades.

[3] Au fond du golfe, sur la côte, furent jadis les Lotophages (XIII, 32), appelés par quelques-uns Alachroens, jusqu'aux autels des Philènes; ces autels sont en sable. De ce côté, et peu avant dans les terres, est un vaste marais qui reçoit le fleuve Triton et qui en porte le nom; il a été appelé Pallantias par Callimaque; on dit