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s et l’inaction qui la détruisent, et les exercices et les mouvements qui lui assurent une longue durée ?

THÉÉTÈTE

Si.

SOCRATE

Et, si l’on envisage l’état de l’âme n’est-ce point par l’étude et par l’exercice, qui sont des mouvements, qu’elle acquiert les sciences, les conserve, et devient meilleure, tandis que le repos, c’est-à-dire le défaut d’exercice et d’étude, l’empêche d’apprendre et lui fait oublier ce qu’elle a appris ?

THÉÉTÈTE

Certainement.

SOCRATE

Ainsi l’un, le mouvement, est bon pour l’âme et pour le corps, et l’autre, le contraire ?

THÉÉTÈTE

Il semble.

SOCRATE

Te citerai-je encore les calmes, les bonaces et tous les états du même genre, pour te prouver que le repos sous toutes ses formes pourrit et perd tout, tandis que le reste le conserve ? Mettrai-je le comble à ces preuves en te forçant d’avouer que, par la chaîne d’or[1] dont parle Homère, il n’entend pas désigner autre chose que le soleil et qu’il veut faire voir que, tant que la sphère céleste et le soleil se meuvent, tout existe et se maintient, tant chez les dieux que chez les hommes, tandis que, si ce mouvement s’arrêtait et se trouvait enchaîné, tout se gâterait et tout serait, comme on dit, sens dessus dessous ?

THÉÉTÈTE

Il me semble, Socrate, que c’est bien là ce qu’Homère a voulu dire.

SOCRATE

X. — Conçois donc la chose, excellent Théétète, comme je vais le dire. Tout d’abord, en ce qui concerne la vue, ce que tu appelles couleur blanche n’est pas quelque chose qui existe à part, soit en dehors des yeux, soit dans les yeux, et à laquelle tu puisses assigner un lieu déterminé ; car alors elle serait quelque part à son rang, serait stable et ne serait plus en voie de génération.

  1. Iliade, VIII, 18 sqq.