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EUCLIDE

Oui.

TERPSION

Quel homme la mort menace de nous ravir, à ce que tu m’annonces !

EUCLIDE

Un homme de haut mérite, Terpsion. Tout à l’heure encore j’entendais faire de grands éloges de sa conduite dans la bataille.

TERPSION

Il n’y a là rien d’étonnant ; ce qui le serait plutôt, c’est qu’il ne se fût pas comporté comme il l’a fait. Mais comment ne s’est-il pas arrêté ici à Mégare ?

EUCLIDE

Il avait hâte de rentrer chez lui. Je l’ai bien prié moi-même et lui ai bien conseillé de rester : il n’a pas voulu. Alors je lui ai fait la conduite, et, en revenant ici, je songeais avec admiration combien Socrate avait été bon prophète sur bien des points et notamment au sujet de Théétète. Si j’ai bonne mémoire, c’est peu de temps avant sa mort qu’il rencontra Théétète, encore adolescent, et qu’ayant fait connaissance et s’étant entretenu avec lui, il fut pris d’une grande admiration pour son heureux naturel. Quand je me fus rendu à Athènes, il me rapporta la conversation qu’ils avaient eue ensemble, conversation tout à fait mémorable, et il ajouta qu’il deviendrait infailliblement célèbre, s’il parvenait à l’âge d’homme.

TERPSION

Et nous voyons qu’il a dit vrai. Mais quel fut l’objet de leur entretien ? Pourrais-tu me le rapporter ?

EUCLIDE

Non, par Zeus, non pas ainsi, de mémoire. Mais, aussitôt rentré chez moi, je mis par écrit mes souvenirs et je rédigeai ensuite à loisir ce qui me revenait en mémoire et, toutes les fois que j’allais à Athènes, j’interrogeais à nouveau Socrate sur ce que je ne me rappelais pas, et, de retour ici, je rectifiais mes notes, en sorte que j’ai cette conversation écrite à peu près en entier.

TERPSION

C’est vrai : je te l’ai déjà entendu dire auparavant et j’ai toujours eu l’intention de te prier de me la montrer ;