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THÉÉTÈTE

Comment pourrait-on exprimer les éléments d’un élément ? Au fait, Socrate, l’S est une consonne, un simple bruit, comme un sifflement de la langue. Le B, d’autre part, n’a ni voix ni bruit, non plus que la plupart des éléments, de sorte qu’on est très fondé à dire que ces lettres sont irrationnelles, puisque les plus claires d’entre elles, les sept voyelles elles-mêmes, n’ont que leur son et ne comportent aucune explication d’aucune sorte.

SOCRATE

Voilà donc, camarade, un point que nous avons réussi à établir concernant la science.

THÉÉTÈTE

Apparemment.

SOCRATE

Mais avons-nous eu raison de déclarer l’élément inconnaissable et la syllabe connaissable ?

THÉÉTÈTE

C’est probable.

SOCRATE

Voyons donc : la syllabe est-elle pour nous les deux éléments, ou, s’il y en a plus de deux, tous les éléments, ou une entité unique issue de leur assemblage ?

THÉÉTÈTE

Je crois, pour ma part, que c’est tous les éléments.

SOCRATE

Vois-le donc sur les deux lettres, S et O. Elles forment à elles deux la première syllabe de mon nom. Qui la connaît ne connaît-il pas les deux lettres ensemble ?

THÉÉTÈTE

Sans doute.

SOCRATE

Il connaît donc l’S et l’O.

THÉÉTÈTE

Oui.

SOCRATE

Mais quoi ? Il est ignorant de chacune et, ne connaissant ni l’une ni l’autre des deux, il connaît les deux ensemble ?

THÉÉTÈTE

Ce serait étrange et irrationnel, Socrate.