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lui-même et s’il admettait une explication qui lui appartînt exclusivement, l’énoncer sans aucune autre chose. Mais en fait aucun des éléments premiers ne peut être exprimé par une définition : il ne peut qu’être nommé ; car il n’a pas autre chose qu’un nom. Au contraire, pour les êtres composés de ces éléments, comme ils sont complexes, leurs noms, complexes aussi, deviennent explicables ; car la combinaison dont les noms sont formés est l’essence de leur définition. Ainsi les éléments sont irrationnels et inconnaissables, mais perceptibles, tandis que les syllabes sont connaissables, exprimables et peuvent être l’objet d’une opinion vraie. Lors donc qu’on se forme sans raisonnement une opinion vraie sur quelque objet, l’âme est dans le vrai au regard de cet objet, mais elle ne le connaît pas, car celui qui ne peut donner ni recevoir l’explication rationnelle d’une chose reste dans l’ignorance au sujet de cette chose ; mais si à l’opinion juste il joint cette explication, tout cela lui devient possible, et il possède la science parfaite. Est-ce ainsi qu’on t’a raconté ce rêve, ou autrement ?

THÉÉTÈTE

C’est exactement ainsi.

SOCRATE

Alors, cela te satisfait, et tu admets que l’opinion vraie accompagnée de raison est la science ?

THÉÉTÈTE

Parfaitement.

SOCRATE

Est-il possible, Théétète, que nous ayons ainsi trouvé aujourd’hui même ce qu’ont si longtemps cherché tant de sages, qui sont parvenus à la vieillesse avant de le découvrir.

THÉÉTÈTE

En tout cas, Socrate, je trouve, moi, ta définition fort belle.

SOCRATE

Il est en effet vraisemblable qu’elle l’est ; car quelle science pourrait-il y avoir encore en dehors de la raison et de l’opinion droite ? Il y a cependant, dans ce qu’on vient de dire, un point qui me déplaît.

THÉÉTÈTE

Lequel donc ?