Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée

i, dis-je, celui qui a formulé ces lois avec art, ou tout autre pareil à lui se représente un jour, il lui serait interdit de les remplacer par d’autres ! Est-ce qu’une telle interdiction ne paraîtrait pas réellement tout aussi ridicule dans ce cas que dans l’autre ?

SOCRATE LE JEUNE

Si, assurément.

L’ÉTRANGER

XXXV. — Sais-tu ce qu’on dit généralement à ce sujet ?

SOCRATE LE JEUNE

Cela ne me revient pas ainsi sur-le-champ.

L’ÉTRANGER

C’est pourtant bien spécieux. On dit, en effet, que, si un homme connaît des lois meilleures que celles des ancêtres, il ne doit les donner à sa patrie qu’après avoir persuadé chacun de ses concitoyens ; autrement, non.

SOCRATE LE JEUNE

Eh bien, n’est-ce pas juste ?

L’ÉTRANGER

Peut-être. En tout cas, si quelqu’un, au lieu de les persuader, leur impose de force des lois meilleures, réponds, quel nom faudra-t-il donner à son coup de force ? Mais non, pas encore : revenons d’abord à ce que nous disions plus haut.

SOCRATE LE JEUNE

Que veux-tu dire ?

L’ÉTRANGER

Si un médecin qui entend bien son métier, au lieu d’user de persuasion, contraint son malade, enfant ou homme fait, ou femme, à suivre un meilleur traitement, en dépit des préceptes écrits, quel nom donnera-t-on à une telle violence ? Tout autre nom, n’est-ce pas ? que celui dont on appelle la faute contre l’art, l’erreur fatale à la santé. Et le patient ainsi traité aurait le droit de tout dire sur son cas, sauf qu’il a été soumis par les médecins qui lui ont fait violence à un traitement nuisible à sa santé et contraire à l’art.

SOCRATE LE JEUNE

C’est parfaitement vrai.

L’ÉTRANGER