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L’ÉTRANGER

Ma réponse sera l’exposé même que je vais te faire.

SOCRATE LE JEUNE

C’est fort bien dit.

L’ÉTRANGER

Eh bien donc, toutes les choses que nous fabriquons ou acquérons ont pour but, ou de faire quelque chose, ou de nous préserver de souffrir. Les préservatifs sont ou des antidotes ‘soit divins soit humains, ou des moyens de défense. Les moyens de défense sont, les uns des armures de guerre, les autres des abris. Les abris sont ou des voiles contre la lumière ou des défenses contre le froid et la chaleur. Les défenses sont des toitures ou des étoffes. Les étoffes sont des tapis qu’on met sous soi ou des enveloppes. Les enveloppes sont faites d’une seule pièce ou de plusieurs. Celles qui sont faites de plusieurs pièces sont, les unes piquées, les autres assemblées sans couture. Celles qui sont sans couture sont faites de nerfs de plantes ou de crins. Parmi celles qui sont faites de crins, les unes sont collées avec de l’eau et de la terre, les autres attachées sans matière étrangère. C’est à ces préservatifs et à ces étoffes composés de brins liés entre eux que nous avons donné le nom de vêtements. Quant à l’art qui s’occupe spécialement des vêtements, de même que nous avons tantôt appelé politique celui qui a soin de l’Etat, de même nous appellerons ce nouvel art, d’après son objet même, art vestimentaire. Nous dirons en outre que le tissage, en tant que sa partie la plus importante se rapporte, nous l’avons vu, à la confection des habits, ne diffère que par le nom de cet art vestimentaire, tout comme l’art royal, de l’art politique, ainsi que nous l’avons dit tout à l’heure.

SOCRATE LE JEUNE

Rien de plus juste.

L’ÉTRANGER

Observons maintenant qu’on pourrait croire qu’en parlant ainsi de l’art de tisser les vêtements, nous l’avons suffisamment défini ; mais il faudrait pour cela être incapable de voir qu’il n’a pas encore été distingué des arts voisins qui sont ses auxiliaires, bien qu’il ait été séparé de plusieurs autres qui sont ses parents.

SOCRATE LE JEUNE

Quels sont ces parents ? dis-moi.

L’ÉTRANGER

XXII. — Tu n’as pas suivi ce que j’ai dit, à ce que je vois. Il nous faut donc, ce me semble, revenir sur nos pas