520e-521c La raison en est évidemment que parmi les bienfaits, c’est le seul qui inspire à celui qui l’a reçu le désir de le rendre, de sorte qu’on regarde comme un bon signe si l’auteur de ce genre de bienfaits est payé de retour, et comme mauvais, s’il ne l’est pas. Les choses sont‑elles comme je dis ?
Oui.
Quelle méthode veux‑tu donc que je choisisse pour prendre soin de l’État : dois‑je combattre les Athéniens afin de les rendre les meilleurs possible, comme fait un médecin, ou les servir et chercher à leur complaire ? Dis-moi la vérité, Calliclès ; car il est juste que, comme tu as commencé par être franc avec moi, tu continues à dire ce que tu penses. Parle donc nettement et bravement.
Eh bien, je te conseille de les servir.
A ce compte, c’est au métier de flatteur, mon noble ami, que tu m’appelles.
De Mysien, si tu préfères ce nom 50 ; car si tu ne fais pas ce que je dis...
Ne me répète pas ce que tu m’as déjà dit mainte fois, que je serais mis à mort par qui voudra, si tu ne veux pas qu’à mon tour je te répète que ce sera un méchant qui fera mettre à mort un honnête homme, ni que je serai dépouillé de mes biens, si tu ne veux pas que je te répète aussi que mon spoliateur ne saura pas en faire usage, mais que, comme il les aura enlevés injustement, il en usera injustement, quand il en sera le maître, et s’il en use injustement, il en usera honteusement et, mal, parce que honteusement.
LXXVII. — Tu me parais bien confiant, Socrate, de croire qu’il ne t’arrivera rien de semblable, parce que tu vis à l’écart, et que tu ne seras pas traîné devant un tribunal par un homme peut‑être foncièrement méchant et méprisable.
Je serais effectivement bien sot, Calliclès, si je ne croyais pas que, dans cette ville, n’importe qui peut avoir à souffrir un jour ou l’autre un pareil accident. Mais il y a une 521c-5