Si tu veux le savoir, réponds‑moi alors, comme si je commençais à t’interroger. Quel est, selon toi, Polos, le plus grand mal, de faire une injustice ou de la subir ?
Selon moi, de la subir.
Et quel est le plus laid ? est‑ce de la commettre ou de la subir ? Réponds.
De la commettre.
XXX. — C’est donc aussi un plus grand mal, puisque c’est plus laid.
Pas du tout.
J’entends : tu ne crois pas, à ce que je vois, que le beau et le bon, le mauvais et le laid soient la même chose.
Non certes.
Mais que vas‑tu dire à ceci ? Toutes les belles choses, corps, couleurs, figures, sons, occupations, est‑ce sans motif que tu les appelles belles ? Par exemple, pour commencer par les beaux corps, ne dis‑tu pas qu’ils sont beaux, ou bien en raison de l’usage en vue duquel ils servent, ou en raison d’un plaisir particulier que leur aspect cause à ceux qui les regardent ? En dehors de ces raisons, en as‑tu quelque autre qui te fasse dire qu’un corps est beau ?
Non, je n’en ai pas.
N’en est‑il pas de même de toutes les autres belles choses, des figures et des couleurs ? N’est‑ce pas à cause d’un certain plaisir ou de leur utilité ou des deux à la fois que tu les appelles belles ?
Si.
N’en est‑il pas de même aussi pour les sons et tout ce qui regarde la musique ?
474e-47