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POLOS

463c-464a Soit, je te le demande : dis‑moi quelle partie c’est.

SOCRATE

Comprendras‑tu ma réponse ? A mon avis, la rhéto­rique est le simulacre d’une partie de la politique.

POLOS

Qu’entends‑tu par là ? Veux‑tu dire qu’elle est belle ou laide ?

SOCRATE

Je dis qu’elle est laide ; car j’appelle laid ce qui est mauvais, puisqu’il faut te répondre comme si tu savais déjà ce que je veux dire.

GORGIAS

Par Zeus, Socrate, moi non plus, je ne comprends pas ton langage.

SOCRATE

Je n’en suis pas surpris ; car je ne me suis pas encore expliqué clairement ; mais Polos est jeune et vif.

GORGIAS

Eh bien, laisse‑le là, et dis‑moi comment tu peux sou­tenir que la rhétorique est le simulacre d’une partie de la politique.

SOCRATE

Je vais donc essayer d’expliquer ce qu’est à mes yeux la rhétorique. Si elle n’est pas ce que je crois, Polos me réfutera. Il y a sans doute quelque chose que tu appelles corps et quelque chose que tu appelles âme ?

GORGIAS

Sans contredit.

SOCRATE

Ne crois‑tu pas qu’il y a pour l’un et l’autre un état qui s’appelle la santé ?

GORGIAS

Si.

SOCRATE

Et que cette santé peut n’être qu’apparente, et non réelle ? Voici ce que je veux dire. Beaucoup de gens qui paraissent avoir le corps en bon état ont une mauvaise santé, qu’il serait difficile de déceler à tout autre qu’un médecin ou un maître de gymnastique.

GORGIAS

C’est vrai.