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4d Je soupçonnais bien moi-même, Gorgias, que c’était cette persuasion et ces objets que tu avais en vue. Mais pour que tu ne sois pas surpris si dans un instant je te pose encore une question semblable sur un point qui paraît clair et sur lequel je veux néanmoins t’interroger, je te répète qu’en te questionnant je n’ai d’autre but que de faire progresser régulièrement la discussion et que je ne vise point ta personne. Il ne faut pas que nous prenions l’habitude, sous prétexte que nous nous devinons, d’anticiper précipitamment nos pensées mutuelles, et il faut que toi-même tu fasses ta partie à ta manière et suivant ton idée.

GORGIAS

Ta méthode, Socrate, me paraît excellente.

SOCRATE

Alors continuons et examinons encore ceci. Y a‑t‑il quelque chose que tu appelles savoir ?

GORGIAS

Oui.

SOCRATE

Et quelque chose que tu appelles croire ?

GORGIAS

Certainement.

SOCRATE

Te semble‑t‑il que savoir et croire, la science et la croyance, soient choses identiques et différentes ?

GORGIAS

Pour moi, Socrate, je les tiens pour différentes.

SOCRATE

Tu as raison, et je vais t’en donner la preuve. Si l’on te demandait : « Y a‑t‑il, Gorgias, une croyance fausse et une vraie ? » tu dirais oui, je suppose.

GORGIAS

Oui.

SOCRATE

Mais y a‑t‑il de même une science fausse et une vraie ?

GORGIAS

Pas du tout.

SOCRATE

Il est donc évident que savoir et croire ne sont pas la même chose.

GORGIAS

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