Ne dirons‑nous pas aussi que tu es capable de communiquer ton art à d’autres ?
Oui, je m’en fais fort, et non seulement ici, mais ailleurs aussi.
Eh bien, consentirais‑tu, Gorgias, à poursuivre l’entretien comme nous le faisons à présent, en alternant les questions et les réponses, et à remettre à une autre fois les longs discours que Polos a inaugurés ? Mais ne manque pas à ta promesse et réduis‑toi à répondre brièvement à chaque question.
Il y a des réponses, Socrate, qui exigent de longs développements. Cependant je tâcherai d’y mettre toute la brièveté possible. Car c’est encore une chose dont je me flatte, que personne ne saurait dire en moins de mots les mêmes choses que moi.
C’est ce qu’il faut ici, Gorgias. Fais montre de ce talent dont tu te vantes, la brièveté ; laisse les longs discours pour une autre occasion.
C’est ce que je vais faire, et tu conviendras que tu n’as jamais entendu parler plus brièvement.
IV. — Eh bien donc, puisque tu prétends être savant dans l’art de la rhétorique et capable de former des orateurs, dis‑moi quel est l’objet particulier de la rhétorique. Par exemple, l’art du tisserand a pour objet la confection des habits, n’est‑il pas vrai ?
Oui.
Et la musique la composition des chants ?
Oui.
Par Héra, Gorgias, j’admire tes réponses : on n’en saurait faire de plus courtes.
Je crois en effet, Socrate, que je ne m’en acquitte pas mal.
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