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SISYPHE

[ou Sur la délibération.]


SOCRATE, SISYPHE

bIntroduction.

Socrate. — Nous t’avons attendu longtemps hier, Sisyphe, pour le discours de Stratonicos. Nous espérions que tu viendrais entendre avec nous ce savant homme développer tant et de si belles choses en paroles et en actes[1]. Mais quand nous avons compris que tu ne viendrais plus, nous avons été nous-mêmes écouter cet homme.

Sisyphe. — C’est, ma foi, vrai ! Mais il m’est survenu une affaire plus importante que je ne pouvais négliger. Nos magistrats tenaient conseil hier : cils ont voulu que je prisse part à leurs délibérations. Or, chez nous, Pharsaliens, la loi elle-même exige qu’on obéisse aux magistrats quand ils invitent l’un d’entre nous à délibérer avec eux.

Socrate. — Il est beau certes d’obéir à la loi, et aussi de passer aux yeux de ses concitoyens pour un bon conseiller, comme toi précisément qui es regardé comme tel parmi les Pharsaliens. Mais, Sisyphe, je ne pourrais pour le moment engager avec toi une conversation sur ce qu’on entend par bien délibérer : cela demanderait, je crois, beaucoup de temps et un long entretien. dCependant, volontiers je discu-

  1. Pour l’expression, assez étrange ici, καὶ λόγῳ καὶ ἔργῳ, Pavlu renvoie à Ménon, 86 c. Dans ce passage, Socrate affirme avec énergie le devoir pour tout homme de chercher la vérité et il conclut : « cela, j’oserais le soutenir contre tous, autant que j’en serais capable, par mes discours et par mes actions (καὶ λόγῳ καὶ ἔργῳ) ». Il ne faut pas oublier, en effet, que le Ménon est une des principales sources du