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AXIOCHOS

et des clefs de fer. Quand il est ouvert, le fleuve Achéron, puis le Cocyte, recueillent ceux qui doivent traverser pour être conduits auprès de Minos et de Rhadamanthe, au lieu dit le champ de la vérité. cLà siègent les juges qui interrogent chacun des arrivants sur la vie qu’ils ont vécue et sur le genre d’existence qu’ils menaient, quand ils habitaient un corps. Et de mentir, il n’est aucune possibilité. Ceux qui ont écouté durant leur vie les inspirations d’un bon démon vont résider au séjour des hommes pieux, là où des climats féconds font germer les fruits en abondance, où coulent des sources d’eau pure, où mille prairies émaillées de fleurs variées revêtent l’aspect du printemps, où il y a des conversations pour les philosophes, des théâtres pour les poètes, des chœurs de danse et des concerts, ddes banquets bien ordonnés, des festins offerts spontanément comme des contributions de chorèges, l’absence totale de peines et une vie pleine de charmes. Pas d’hiver ou d’été excessifs, mais un air pur que tempèrent les doux rayons du soleil. Les initiés y ont une place d’honneur, et là aussi, ils accomplissent les rites sacrés[1]. Comment ne participerais-tu pas un des premiers à cet honneur, toi l’allié des dieux[2] ? eLa tradition rapporte qu’avant de descendre aux Enfers, Héraclès et Dionysos reçurent l’initiation dans ces lieux, et l’audace de leur expédition, c’est la déesse d’Éleusis qui l’avait excitée en eux. Quant à ceux qui ont dirigé leur vie dans la voie des crimes, ils sont

    tout à une époque plus tardive, dans le Sud-Est. Hérodote (IV, 32-36) met déjà en doute l’existence de cette peuplade dont les poètes chantaient le bonheur et la vertu. Il est intéressant de noter que les Pythagoriciens aimaient à rappeler les légendes hyperboréennes et dénommaient même leur maître Απόλλων Ὑπερβόρειος (cf. Mayer, art. Hyperboreer, in Ausführliches Lexicon der Griechischen und Römischen Mythologie, édité par Roscher).

  1. M. Chevalier fait remarquer que, dans cette description, tous les traits nous sont connus par les poètes, les inscriptions, les écrivains d’inspiration mystique, et il reproduit un texte de Plutarque (de Anima, cité par Stobée, Floril. 120, 38) où presque tous ces détails sont rassemblés. Plutarque compare l’initiation à la mort et montre que, dans les deux cas, l’âme passe par les mêmes épreuves pour arriver au même bonheur (Chevalier, op. cit., p. 91).
  2. L’expression γεννήτης doit signifier qu’Axiochos entre dans la famille des dieux par l’initiation.