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AXIOCHOS

ne se retrouvent pas dans le dialogue présent[1]. Il faudrait donc supposer que l’œuvre nous a été transmise mutilée. Et telle est, en effet, l’hypothèse de Buresch. Mais c’est là une position désespérée et que rien ne justifie. Tel quel, le petit écrit s’explique sans difficulté ; il manifeste, sans doute, des maladresses et des gaucheries de l’auteur, mais ne laisse deviner aucune lacune du texte. Tout essai de reconstruction demeure arbitraire.

Faudrait-il rechercher l’auteur parmi les disciples immédiats de Platon ? Marsile Ficin nomme Xénocrate et fait remarquer que Diogène cite un περὶ θανάτου parmi les œuvres de ce dernier. Aussi Ficin fait-il précéder sa traduction du titre Xenocratis Platonis de morte. Otto Immisch[2] voit aussi dans l’Axiochos l’écrit d’un académicien assez peu éloigné de l’époque de Platon et suggère le nom du successeur de Xénocrate, Polémon.

Outre les objections de détail contre cette attribution à un académicien du ive siècle, objections que M. Chevalier a fort bien mises en relief dans sa thèse[3], certains caractères essentiels du dialogue sont des indices évidents d’une date beaucoup plus tardive.

Le style.

Tout d’abord, le style à lui seul constitue une vraie difficulté pour situer l’auteur à l’époque classique : il est émaillé de termes poétiques, d’expressions étranges, de tournures bizarres qui s’expliqueraient difficilement chez un grec du ive siècle ; les néologismes abondent, l’application de la syntaxe paraît souvent des plus fantaisistes : on notera, en particulier, l’emploi souvent déconcertant des prépositions[4] ; certaines phrases donnent même parfois l’impression d’être une tra-

  1. Le mot ἀλεκτρυονοτρόφοι, qui se trouvait d’après Pollux (Onom. VII, 135) dans l’Axiochos d’Eschine, est absent de notre dialogue de même, tout un développement contre Alcibiade (Athénée V, 62, 220 c).
  2. Philologische Studien zu Plato. Erstes Heft, Axiochus, Leipzig, 1896.
  3. Op. cit., p. 29 et suiv.
  4. Par exemple, 364 b πρὸς σοῦ, au sens de « à ton sujet » ; 365 b ἔχειν περὶ et l’accusatif signifiant « convenir à ». — Notons aussi la périphrase d’époque tardive οἱ περὶ Θηραμένην 368 d ; τοὺς περὶ Ἡρακλέα 371 e pour Θηραμένης, Ἡρακλῆς.