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CLITOPHON

verses de la République. L’étude du style confirme, du reste, cette opinion.

Les deux thèses de l’authenticité et de la non-authenticité ont donc leurs partisans résolus, et les raisons apportées de part et d’autre semblent à certains juges suffisamment plausibles pour se neutraliser. Aussi ces derniers refusent-ils de se prononcer. Raeder, par exemple, trouve plus prudent de ne pas tenir compte du Clitophon dans l’histoire du développement de la philosophie platonicienne[1] ; Ritchie considère ce dialogue soit comme une imitation, soit comme une esquisse d’introduction à la République[2] ; Taylor reconnaît combien il est difficile d’interpréter la critique apparente du rôle joué par Socrate et Thrasymaque au Ier livre de la République ; il se déclare pourtant assez porté à plaider la cause de l’authenticité, mais il ne se résout pas à prendre nettement parti[3].

Examinons encore une fois, aussi brièvement que possible, les objections soulevées par les partisans de l’inauthenticité et voyons si vraiment elles sont décisives.


Clitophon
et les dialogues
platoniciens.

On considère Clitophon, non à tort du reste, comme un pamphlet, mais comme un pamphlet dirigé aussi bien contre Platon que contre les autres socratiques. L’auteur, un sophiste sans doute, ou un rhéteur, aurait composé sa dissertation à l’aide de pensées, formules, expressions, empruntées aux ouvrages platoniciens. Dès lors, on s’efforce de relever toutes les traces d’imitation et de prouver par là qu’on aurait tort de croire authentique une œuvre ainsi construite.

La plupart des textes invoqués prouvent, en fait, une seule chose : c’est que les développements de thèmes analogues, thèmes qui étaient d’ailleurs des lieux communs de toute la littérature sophistique, présenteront toujours quelque ressemblance plus ou moins éloignée. Mais conclure immédiatement à une imitation réelle nous semble peu légitime. Il serait fastidieux de comparer ici tous ces textes. Nous

  1. Platons philosophische Entwickelung, Leipzig, 1905, p. 24.
  2. Plato, Edinburgh, 1902, p. 25.
  3. Plato, The man and his Work, London, 1926, p. 12.