Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123 c
147
THÉAGÈS

Socrate. — Eh bien ! celle que tu désires présentement, n’a-t-elle point de nom, ou en a-t-elle un ?

Théagès. — À mon avis, elle en a un.

Socrate. — Mais alors la connais-tu sans connaître son nom, ou sais-tu également le nom ?

Théagès. — Le nom également.

Socrate. — Quel est-il ? Parle.

dThéagès. — Mais quel autre nom pourrait-on lui donner, Socrate, sinon celui de science ?

Socrate. — L’art de conduire les chevaux n’est-ce pas aussi une science ? Serait-ce, d’après toi, une ignorance ?

Théagès. — Évidemment non.

Socrate. — C’est donc une science ?

Théagès. — Oui,

Socrate. — À quoi nous sert-elle ? Ne nous apprend-elle pas à gouverner un attelage ?[1]

Théagès. — Oui.

Socrate. — Et l’art du pilote, n’est-ce pas une science aussi ?

Théagès. — Je le crois bien.

Socrate. — N’est-ce point elle qui nous apprend à gouverner des vaisseaux ?

Théagès. — Oui, elle-même.

Socrate. — Eh bien ! celle que tu désires, quelle science est-elle ? Que nous apprend-elle à gouverner ?

eThéagès. — À mon avis, ce sont les hommes.

Socrate. — Les malades ?

Théagès. — Non pas.

Socrate. — C’est, en effet, le rôle de la médecine, n’est-ce pas ?

Théagès. — Oui.

Socrate. — Mais saurions-nous gouverner par elle les chœurs de chanteurs ?

Théagès. — Non.

Socrate. — C’est, en effet, le rôle de la musique.

Théagès. — Parfaitement.

  1. Tout ce passage, jusqu’à 124 c, est un remaniement et une adaptation d’Alcibiade I, 126 b, c, d. Les exemples sont identiques : exemples du cocher, du pilote, des malades, des chefs de chœurs, des moissonneurs… et la terminologie elle-même se ressent en très grande partie du procédé d’imitation. Voir notice, p. 139.