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MINOS OU SUR LA LOI

[politique.]


SOCRATE, LE DISCIPLE

313Socrate. — Qu’entendons-nous par la loi ?

Le disciple. — Mais sur quelle loi m’interroges-tu ?

Socrate. — Et quoi ? Y a-t-il une différence entre loi et loi en ceci précisément qu’elle est loi ? Prends donc garde à ce que je te demande. Je t’interroge comme si, par exemple, je voulais m’informer de ce qu’est l’or. Si tu me demandais aussi de quel or je veux parler, je crois que ta question ne serait pas bonne, car il n’y a, je suppose, aucune différence entre or et or, pierre et pierre, ben tant, du moins, que l’un est or et l’autre pierre. Ainsi, sans doute, loi et loi ne diffèrent en rien, mais toutes sont la même chose. Chacune d’elles est également loi et pas plus l’une que l’autre. Voilà donc ce que je te demande : d’une façon générale, qu’est-ce que la loi ? Si tu as une réponse prête, dis-la.


Examen
d’une première
définition.

Le disciple. — Que pourrait bien être la loi, Socrate, sinon ce qui est légalement établi[1] ?

Socrate. — La parole, selon toi, est-ce donc ce qu’on dit, la vue ce qu’on voit, l’ouïe ce qu’on entend ? Ou bien, autre est la parole, autres les choses

  1. Xénophon, dans les Mémorables (IV, 4, 13) attribue au sophiste Hippias une définition du même genre : les lois de la cité ne sont pas autre chose que les prescriptions ou les défenses établies par les citoyens. Mais Socrate (4, 19), amène son interlocuteur à reconnaître l’existence des lois non écrites.